« Il a de l’allure le vieux général respecté qui porte encore des flammes de jeunesse dans son regard et des élégances de jeunesse dans son maintien, lorsqu’il se sent conduit par les acclamations vers l’hôtel de Ville que le peuple vient de conquérir. Sur sa route, il aperçoit Arago qui, triomphant, arbore une cocarde tricolore. – Pas encore, mon ami, pas encore… lui crie le général ; pourtant il eût dû tressaillir à la vue de l’emblême qui fut le sien… Mais il avance… et les jeunes gens portent tous des cocardes… elles sont le signe de la Victoire… La Fayette s’y rallie et quelques minutes après sa rencontre avec Arago, il orne lui-même sa boutonnière d’un ruban aux trois couleurs. » […] « La liberté triomphera ou nous périrons ensemble. » Ce sont avec ces mots qu’il s’adresse aux parisiens, qu’il les invite à poursuivre sa lutte. »
Jacques Kayser, La vie de Lafayette, Paris, Gallimard, 1928